LE PANIER DES BFM: POURQUOI VOUS PAYEZ VOS POMMES DE TERRE DE PLUS EN PLUS CHER

Coup de chaud sur les pommes de terre. Pour cette deuxième semaine de relevé des prix du Panier des BFM, c'est le produit qui augmente le plus. Notre paquet de pommes de terre bio de 1,5 kg a bondi de plus de 12% dans nos magasins tests. Vendu 3,13 euros en moyenne la semaine dernière, il est cette semaine à 3,52 euros.

Avec de fortes disparités régionales. S'il ne coûte que 2,89 euros dans les Pays-de-la-Loire ou 2,99 euros dans la région de Marseille, il frôle les 4 euros en Normandie et en Bretagne et culmine à 4,44 euros en Ile-de-France.

+27% en un an

S'il s'agit d'une référence de produit plutôt confidentielle, c'est le marché de la pomme de terre dans son ensemble qui est pris dans une spirale inflationniste. En un an, le prix de vente aux particuliers a fait un bond de 27% et les prix de gros sur le marché libre ne cessent de grimper depuis trois mois.

De 720 euros la tonne de pommes de terre jaune origine France en février, le tarif est aujourd'hui à 840 euros, soit une hausse de 16%. Sur un an, la flambée est encore plus spectaculaire avec un prix en progression de 40% (600 euros la tonne fin mai 2022).

La hausse est encore plus forte sur les prix de vente à l'industrie (environ 50% de la production française) avec un tarif qui est passé de 150 euros la tonne en juin 2022 à 490 euros actuellement, soit une hausse de 226%.

Des rendements en forte chute

Cette augmentation n'a rien de surprenant et était annoncée depuis plusieurs mois par la filière.

Elle s'explique essentiellement par des tensions sur les stocks. Avec la sécheresse et les chaleurs extrêmes de l'été dernier, la récolte de l'automne dernier a été très mauvaise.

"Les rendements ont baissé de 13% l'année dernière et même de 20% par rapport à la moyenne des 20 dernières années", indique-t-on du côté de l'Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT). "Nous sommes revenus au niveau de 1995 pour les rendements."

En Rhône-Alpes par exemple, les rendements sont passés de 41 tonnes l'hectare en 2021 à 23 tonnes en 2022, soit un recul de près de 44%! Dans le même temps, les surfaces cultivées ont fortement augmenté mais pas suffisamment pour compenser la chute des rendements.

Une offre en baisse et une demande constante (la pomme de terre restant un aliment peu cher en ce temps d'inflation), cela entraîne mécaniquement une hausse des prix.

Des stocks réduits

Car de plus les stocks ont de plus été amputés à l'hiver dernier. Récoltée dès la fin de l'été, la pomme de terre est stockée durant des mois dans d'immenses chambres froides qui peuvent faire plus de 2000m². Avec la hausse des prix de l'énergie, un certain nombre de producteurs ont préféré écouler leur récolte en hiver plutôt que de régler des factures d'électricité conséquentes.

"Nous avons constaté beaucoup de déstockage avant la fin de l'année dernière", indique l'UNPT. "Des produits qui ont été absorbés par le marché ou qui sont partis à l'export vers l'Espagne ou l'Italie parce que la récolte avait été très mauvaise aussi là-bas."

Il n'y a pas de pénuries à craindre, la France étant largement auto-suffisante et même le premier exportateur mondial de pomme de terre (dont plus de la moitié en Belgique qui produit nos chips et nos frites).

En revanche, les prix ne devraient pas baisser de si tôt. D'autant qu'avec un printemps marqué par de fortes précipitations dans les zones de culture de pommes de terre, les plantations ont du être décalées d'un mois et la récolte ne devrait débuter qu'à l'automne au lieu d'août en temps normal.

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