MéNOPAUSE : 7 MYTHES SUR LES BOUFFéES DE CHALEUR à DéCONSTRUIRE, SELON CETTE EXPERTE

La ménopause est définie comme l’arrêt des règles depuis plus d’un an, sans cause identifiée, et survenant entre 45 et 55 ans. Lorsque les taux d’œstrogènes et de progestérone deviennent erratiques, …

La ménopause est une étape physiologique de la vie des femmes, caractérisée par l'arrêt définitif de l'activité ovarienne puis des règles. Certaines femmes sont gênées par des symptômes tels que bouffées de chaleur, qui correspondent à des troubles vaso-moteurs (variations de la circulation sanguine) provoqués par la diminution des œstrogènes. Comme l’explique l’Assurance maladie à ce sujet, elles sont présentes chez sept femmes sur dix et se traduisent par : la survenue inconstante de frissons, de tremblements, d'une impression de malaise et de vertiges, une brusque sensation de chaleur intense, montant du torse jusqu'à la face et au cou et suivie d'une rougeur et des palpitations, des sueurs abondantes et des frissons, précédant un retour à la normale. Le CHU de Toulouse précise quant à lui que les bouffées de chaleur se traduisent par une augmentation de la température de la peau avec rougeur du haut du corps et parfois des crises de sueurs. « Elles sont favorisées par le stress, les émotions et la chaleur. Elles peuvent se manifester uniquement la nuit et entraîner une insomnie. », indique-t-il par ailleurs.

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Il s’avère que ces manifestations peuvent débuter alors que la ménopause n’est pas encore complètement installée, bien qu’elles ne soient cependant obligatoirement présentes chez toutes les femmes ménopausées. Leur intensité est variable, certaines pouvant être très gênantes, voire donner des malaises et il en va de même de leur durée : de quelques mois à plusieurs années après la ménopause. Toujours est-il que de nombreuses idées reçues persistent autour de ce symptôme particulier amenant bien souvent les femmes à devoir distinguer par elles-mêmes le vrai du faux lorsqu’elles cherchent à mieux comprendre cette phase de transition. Dans un article paru sur le site de la Cleveland Clinic Claudia Mason, obstétricienne-gynécologue, évoque ainsi 7 idées reçues tenaces concernant les bouffées de chaleur ainsi que les faits qui les réfutent. « Il y a beaucoup de fausses informations sur la ménopause. Autrefois, c’était un sujet peu abordé, laissant les femmes concernées le découvrir par elles-mêmes en silence, sans soutien et se sentant souvent gênées ou stressées. Mais heureusement, ce n’est plus un tabou aujourd’hui. », fait-elle remarquer.

Mythe n°1 : Les bouffées de chaleur brûlent des calories

C’est même l’effet inverse puisqu’en moyenne, le métabolisme de base (énergie dépensée au repos) diminue d'environ 200 calories à la ménopause.

L’avis de l’experte : « Désolée, mais ce n'est pas le genre de séances de transpiration qui brûleront le petit-déjeuner ! Les bouffées de chaleur ne brûlent pas de calories. Pour cela, vous devrez aller au gymnase ou bouger. »

Mythe n°2 : Les bouffées de chaleur signifient que vous êtes en ménopause

Comme le fait savoir le Manuel MSD, la plupart des symptômes que l’on associe fréquemment à la ménopause surviennent en réalité pendant la période de la périménopause (ou transition ménopausique) qui désigne les années précédant et suivant les dernières règles. Le nombre d’années de périménopause qui précèdent les dernières règles est très variable. Au cours de cette période, les taux d’œstrogènes et de progestérone varient énormément. On pense que les symptômes de la ménopause ressentis par de nombreuses femmes à la quarantaine sont liés à ces fluctuations. Après la transition ménopausique, qui dure en moyenne quatre ans, les femmes entrent dans la phase de la ménopause, qui désigne la période après les dernières règles.

L’avis de l’experte : « Vous pourriez être surprise d’apprendre qu’il n’est pas nécessaire d’être ménopausée, ou même si proche, pour commencer à avoir des bouffées de chaleur. Bien que l’âge typique de la ménopause soit d’environ 51 ans, de nombreuses personnes présentent des symptômes de périménopause (la période précédant la ménopause) des années avant leurs dernières règles. »

Mythe n°3 : Les bouffées de chaleur provoquent de la fièvre

Si la fièvre en elle-même peut majorer la dilatation des vaisseaux sanguins, et provoquer des bouffées de chaleur, le cas inverse est très rarement possible.

L’avis de l’experte : « Les bouffées de chaleur vous donnent une sensation de chaleur, mais elles sont différentes des fièvres qui indiquent une augmentation supérieure à la normale de la température corporelle centrale. Lorsque vous êtes en périménopause, votre corps est extrêmement sensible, même aux petits changements de température. Lorsqu'il détecte un changement, il relance le processus consistant à essayer de vous rafraîchir, ce qui est, ironiquement, la chose même qui donne si chaud. Le sang afflue vers votre poitrine et votre visage et vous commencez à transpirer alors que votre corps tente de se rafraîchir. Les bouffées de chaleur augmentent la température de surface de votre peau parce que votre corps se débarrasse de cette chaleur interne. Mais elles ne vous donnent pas de fièvre car elles n'augmentent pas la température corporelle. »

Mythe n°4 : Les suppléments comme le magnésium et l’actée à grappes noires peuvent aider à soulager les bouffées de chaleur

Est-il possible de se fier à des traitements alternatifs en ce qui concerne les bouffées de chaleur ? A ce sujet, l’Inserm invite à la prudence, en soulignant que seules l’hypnose et les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) ont été décrites comme étant efficaces. « L’intérêt de l’acupuncture, de la sophrologie et du yoga n’est pas démontré (niveau de preuve insuffisant), même si certaines femmes peuvent en retirer un bénéfice. De la même façon, les connaissances sur l’efficacité des approches de phytothérapie, de certains traitements non hormonaux et l’utilisation de compléments alimentaires doivent encore être renforcées. », atteste l’organisme.

Le constat est le même pour la Fondation Agir pour le Cœur des Femmes qui précise que certaines solutions populaires sur Internet n’ont pas d’effet significatif démontré comparativement à un placebo : l’homéopathie, le trèfle rouge, le ginseng, l’actée à grappes noires, les herbes chinoises, la relaxation, la réflexologie et l’aromathérapie. Pour autant, ses experts estiment que ces alternatives peuvent être essayées avec des résultats favorables chez certaines femmes. A condition toutefois » de se méfier des solutions « miracles », parfois trouvées sur Internet, qui proposent des plantes dont la toxicité, notamment hépatique, n’est pas nulle. » Il est en revanche possible de privilégier le port de vêtements en coton et respirants pour maintenir une sensation de fraîcheur.

L’avis de l’experte : « De nombreux suppléments et plantes, notamment le magnésium et  l’actée à grappes noires, ont été étudiés pour leur rôle possible dans la gestion des bouffées de chaleur. Mais jusqu’à présent, il n’existe aucune preuve définitive que l’un d’entre eux soit à la hauteur de ses affirmations. Et certains peuvent faire plus de mal que de bien. Ne vous contentez pas d'acheter des suppléments dont les étiquettes contiennent de nombreuses allégations. Les suppléments ne sont pas réglementés, donc on ne sait pas vraiment ce qu'ils contiennent. Et vous devez faire très attention à ce que vous mettez dans votre corps. Méfiez-vous de tout produit prétendant mettre fin à vos symptômes de la ménopause, y compris vos bouffées de chaleur, et parlez-en plutôt à votre professionnel de la santé. »

Mythe n°5 : Les bouffées de chaleur peuvent donner des vertiges

Troisième motif de consultation médicale, les vertiges et leurs causes sont de mieux en mieux compris. Et selon des chercheurs du CNRS, il existerait un lien entre ces derniers et des états hormonaux altérés, notamment en période prémenstruelle, en début de grossesse ou encore en préménopause. En cause notamment, cette diminution du taux d’œstrogène et de progestérone, les hormones sexuelles féminines nécessaires au bon fonctionnement du cycle reproductif de la femme. Ce changement hormonal représente l’une des causes de vertige ménopausique les plus courantes mais les bouffées de chaleur en elles-mêmes ne sont pas forcément en cause, si ce n’est dans certains cas rares.

L’avis de l’experte : « C'est vrai, mais c'est rare. Les étourdissements sont un symptôme possible des bouffées de chaleur, mais ce n’est pas un symptôme courant. Lors d'une bouffée de chaleur, les vaisseaux sanguins de votre poitrine et de votre visage se dilatent pour tenter d'évacuer une partie de cette chaleur. Si suffisamment de sang coule vers votre visage, vous pourriez souffrir d'hypotension artérielle, ce qui pourrait provoquer des étourdissements temporaires. Si vous en souffrez, cela sera probablement de courte durée et disparaîtra lorsque votre bouffée de chaleur disparaîtra. Mais si vos bouffées de chaleur provoquent fréquemment des étourdissements ou des nausées, parlez-en à un professionnel de la santé. Ce ne sont pas des symptômes standards des bouffées de chaleur de la ménopause, il est donc important de s’assurer qu’il n’y a pas d’autres problèmes de santé en jeu. »

Mythe n°6 : Avoir des relations sexuelles aide à soulager les bouffées de chaleur

Si certains symptômes de la ménopause, tels que les sautes d’humeur, les troubles du sommeil ou la sécheresse vaginale, peuvent avoir un effet sur la fonction sexuelle il s’avère que chaque femme vit la ménopause à sa manière. Certaines ne remarquent aucun changement dans leur sexualité après la ménopause. D’autres constatent un rebond de leur sexualité, car elles se sentent libérées de la contraception et des menstruations. Quid des bouffées de chaleur ? Malheureusement ces dernières peuvent être ressenties comme gênantes pendant quelques instants, et aucune recherche ne confirme qu’elles diminueront avec des rapports sexuels fréquents.

L’avis de l’experte : « Certaines personnes prétendent que s'adonner à un peu de fantaisie peut aider à se débarrasser des bouffées de chaleur, mais cette astuce n'est pas vraie. À ma connaissance, le sexe ne peut pas soulager les symptômes des bouffées de chaleur. Mais la bonne nouvelle est que les bouffées de chaleur ne durent généralement que 30 secondes à quelques minutes environ, elles disparaissent donc d'elles-mêmes assez rapidement ce qui laisse beaucoup de temps pour commencer à avoir des relations sexuelles de toute façon. »

Mythe n°7 : Vous ne pouvez rien faire contre les bouffées de chaleur, il vous suffit donc de vivre avec elles

Quand une femme ménopausée est gênée par ces symptômes, de simples modifications du mode de vie sont à conseiller en premier lieu selon la revue médicale Prescire telles qu'une perte de poids chez des femmes obèses ou en surpoids. Celle-ci atteste que plusieurs méthodes ont montré une certaine efficacité : yoga et acupuncture sans doute par effet de type placebo (l’effet placebo améliore les symptômes dans 50% des cas selon la revue Vidal), et hypnose. Des phytoœstrogènes, contenus par exemple dans le soja, ont une efficacité modeste, sans qu'on connaisse leur danger à forte dose au long cours. Quand ces interventions sont inefficaces pour soulager les symptômes liés à la ménopause, un traitement hormonal par la plus faible dose suffisante d'estrogène, souvent associé avec un progestatif, est une solution de dernier recours, à envisager avec la femme informée des risques d'accidents cardiovasculaires et de cancers du sein, entre autres, auxquels il expose.

L’avis de l’experte : « Quand il s’agit de bouffées de chaleur, vous n’avez certainement pas besoin de sourire et de les supporter. Voici quelques mesures à adopter pour les supporter au mieux mais il ne faut pas hésiter à faire appel à des professionnels de santé si elles affectent votre qualité de vie.

  • Concentrez-vous sur la nutrition. Un régime adapté à la ménopause peut aider à éloigner les bouffées de chaleur. Et bien sûr, une alimentation équilibrée présente également de nombreux autres avantages, contribuant ainsi à soutenir votre santé et votre bien-être en général.
  • Garder votre calme. Emportez un ventilateur portable avec vous, laissez les ventilateurs ou la climatisation allumés à la maison et recherchez des draps, des oreillers et des housses de matelas rafraîchissants pour vous aider à lutter contre la chaleur.
  • Évitez vos déclencheurs. Les déclencheurs de bouffées de chaleur sont différents pour chacune, alors essayez de suivre ce qui se passe dans votre vie lorsque la chaleur frappe. Avez-vous mangé des plats épicés ou bu de la caféine ou de l'alcool ? Portez-vous des vêtements serrés dans des matières qui ne sont pas respirantes ? Une fois que vous avez identifié vos déclencheurs, vous pouvez retravailler vos habitudes pour les éviter. »

Bouffées de chaleur : quelle prise en charge recommandée en France ?

Outre des conseils hygiénodiététiques indispensables (arrêt du tabac, consommation très modérée d'alcool, alimentation diversifiée et raisonnable en quantité, activité physique régulière), l’Assurance maladie affirme qu’un traitement hormonal substitutif de la ménopause (THM) peut être proposé par le médecin traitant ou le gynécologue, si le bénéfice de ce traitement est estimé supérieur aux risques qu'il induit. Il associe un estrogène et un progestatif (le progestatif est inutile si la patiente a subi une hystérectomie).

« L'estrogène intervient sur les troubles dits « climatériques » (symptômes qui accompagnent les modifications hormonales associées à l’arrêt de la fonction ovarienne) et prévient l’ostéoporose. L'œstradiol, estrogène naturel, administré par voie percutanée ou transdermique est utilisé. En effet, les estrogènes administrés par voie orale multiplient par quatre le risque de phlébite et d'embolie pulmonaire, alors que la voie percutanée réduit ou annule ce risque thrombo-embolique. Le progestatif (progestérone naturelle ou dérivé proche) diminue le risque de cancer du corps de l'utérus. », souligne-t-elle, non sans préciser qu’un examen clinique et une mammographie sont demandés avant la prescription. Puis le THM est administré, le plus tôt possible après la confirmation de la ménopause, à la dose minimale efficace et tant que durent les symptômes (deux à trois ans suffisent le plus souvent). « Toutes les femmes traitées doivent bénéficier d'une ré-évaluation régulière de leur état de santé et de leur traitement par le médecin prescripteur, au moins une fois par an (bilan sanguin, examen clinique...). », conclut l’Assurance maladie.

A noter qu’en raison du manque d'évaluation de ces produits, les phyto-estrogènes extraits du soja ne sont pas recommandés par la Haute Autorité de la santé. Leur usage est déconseillé chez les patientes ayant déjà eu un cancer du sein. Enfin, un seul médicament non hormonal est indiqué en France contre les bouffées de chaleur : l'Abufène (bêta-alanine, un acide aminé), mais avec une efficacité limitée.

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