TENSION ARTéRIELLE : VOICI LA FAMILLE DE LéGUMES à PRIVILéGIER POUR LA FAIRE BAISSER

Si vous êtes hypertendue, c’est le moment de changer de mode de vie pour préserver votre cœur et vos artères. Outre le traitement et le suivi médical, le fait d’adopter une alimentation riche en …

Dans la lutte contre l’hypertension, les mesures d’hygiène de vie et de diététique jouent un rôle essentiel. En effet, elles préviennent ses complications et permettent d’alléger le traitement médicamenteux. La pratique régulière d’une activité physique, l’arrêt du tabac et certains choix alimentaires jouent ainsi un rôle primordial. Côté alimentation l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) préconise de réduire la consommation de sel à moins de 5 grammes par jour de même que d’éviter les graisses animales, la margarine, les graisses alimentaires végétales, les pâtisseries ou viennoiseries et les aliments frits. Il convient à l’inverse de réduire sa consommation totale de graisses (notamment saturées) et d’incorporer, avec modération cependant, des graisses saines comme celles présentes dans l’huile d’olive, les fruits à coque et les graines. Il s’agit surtout, selon l’organisme, de manger au moins 5 fruits et légumes par jour, sachant que tous les organismes dédiés à la prévention des maladies chroniques s’accordent pour dire que cette mesure s’avère est absolument essentielle pour réduire l’incidence et la mortalité associées à ces maladies.

En ce qui concerne l’hypertension artérielle, qui correspond à une augmentation anormale de la pression du sang sur la paroi des artères (140/90 mmHg ou plus,) il s’avère qu’une famille de légumes serait à ne pas négliger en raison de leurs multiples bienfaits dans ce domaine. C’est en effet le constat dressé par des chercheurs de l'Université Edith Cowan (ECU) qui affirment dans une étude publiée dans la revue BMC Medicine que la consommation de quatre portions par jour de légumes crucifères entraînait une réduction significative de la tension artérielle. « L’hypertension est le principal facteur de risque de maladie cardiaque, sa prévalence augmentant avec l’âge. Il est largement recommandé d’augmenter la consommation de légumes pour réduire le risque de maladie cardiaque. Des études antérieures ont montré que les légumes crucifères ont une relation très forte avec un risque plus faible de maladie cardiaque. Cependant, bien qu’ils soient consommés dans le monde entier, ils ne représentent généralement qu’une petite partie de l’apport total en légumes. », souligne Emma Connolly, principale auteure de l’étude.

« Les légumes crucifères sont un groupe de légumes trop peu consommés »

Pour rappel, la famille des légumes crucifères se compose des différentes formes de choux (chou chinois, chou vert, chou frisé, chou-fleur, chou-rave, choux de Bruxelles, chou romanesco, chou kale) mais aussi du brocoli, du radis et du navet, sans oublier le cresson, la roquette ou encore les feuilles de moutarde. « Il a été démontré que des composés appelés glucosinolates, que l'on trouve presque exclusivement dans les légumes crucifères, réduisent la pression artérielle chez les animaux, mais les preuves chez l'homme sont jusqu'à présent limitées. Les légumes crucifères sont un groupe de légumes trop peu consommés. Si les gens peuvent augmenter leur consommation, ils en auront pour leur argent en termes de réduction de la tension artérielle et de réduction du risque ultérieur de développer une maladie cardiaque plus tard dans la vie. Vous devriez idéalement consommer ces légumes la plupart des jours de la semaine. », ajoute l’experte. Dans cette étude, baptisée essai VEgetableS for vaScular hEaLth (VESSEL), les chercheurs ont recruté 18 participants âgés de 56 à 72 ans présentant une tension artérielle légèrement élevée.

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Au début de l'étude, les participants avaient une tension artérielle systolique moyenne (pression au moment de la contraction du cœur) d'environ 136 mmHg, ce qui est considéré comme élevé mais pas encore dans la plage de l'hypertension. En effet, l’institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa rappelle que « on considère que la tension artérielle est élevée si la tension systolique est de 140 mm Hg ou plus et que la tension diastolique (correspond au relâchement du cœur) est de 90 mm Hg ou plus. À de tels niveaux, la force qu’exerce le sang contre les parois de vos artères est trop élevée, et la charge de travail de votre cœur augmente. » Sur une période de six semaines, les participants ont suivi deux interventions diététiques de deux semaines, séparées par une période de « sevrage » de deux semaines pendant laquelle ils ont suivi leur régime alimentaire normal. Au cours d’une période d’intervention, ils ont été invités à consommer quatre portions de légumes crucifères par jour sous forme de soupes au déjeuner et au dîner, puis à consommer une soupe de légumes racines et de courge pendant la seconde période d’intervention.

Hypertension artérielle : même un légère amélioration apporte de grands bénéfices

Les chercheurs ont utilisé une surveillance ambulatoire de la pression artérielle 24 heures sur 24 pour mesurer les effets des interventions. Cette méthode consiste à porter un brassard qui mesure automatiquement la pression artérielle à intervalles réguliers tout au long de la journée et de la nuit, ce qui permet d'obtenir des données plus complètes que des mesures uniques prises en milieu clinique. Les résultats ont montré les participants ont connu une réduction moyenne de la pression artérielle systolique sur 24 heures de 2,5 mmHg par rapport au groupe témoin après deux semaines de consommation de légumes crucifères, un effet encore plus prononcé pendant la journée, avec une réduction moyenne de 3,6 mmHg. Même si ce chiffre peut sembler minime, il s’avère que des recherches antérieures ont démontré que même une réduction modeste de la pression artérielle peut entraîner une diminution significative du risque de maladies cardiaques et d’accident vasculaire cérébral. Ainsi, « cette baisse de la pression artérielle peut se traduire par une diminution d’environ 5% de ce risque. », estime l’équipe scientifique.

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Les mécanismes à l’origine de ces effets ne sont pas entièrement compris, mais les chercheurs suggèrent que des composés présents dans les légumes crucifères, comme les isothiocyanates dont le sulphoraphane, pourraient jouer un rôle. De plus en plus d’études évoquent cette hypothèse, comme le révèle l’Institut de Cardiologie de Montréal dans un point d’information dédié, à savoir que « les légumes crucifères sont un groupe d’aliments contenant des quantités élevées de composés organosoufrés appelés isothiocyanates. Surtout connus pour leurs propriétés anticancéreuses, des études récentes indiquent que certains isothiocyanates, en particulier le sulforaphane, pourraient aussi exercer des effets bénéfiques sur la santé cardiovasculaire en protégeant les vaisseaux sanguins des dommages causés par le stress oxydatif et l’hyperglycémie. » L’organisme tient toutefois à rappeler que « tous les fruits et légumes contiennent des quantités importantes de vitamines, minéraux et fibres et on assume généralement que ce sont ces nutriments qui médient l’effet protecteur des végétaux sur le risque de maladie cardiovasculaire. »

L’Agence pour la recherche et l'information en fruits et légumes (Aprifel) apporte quant à elle une précision quant au fait que « le sulforaphane est formé lorsque son précurseur, la glucoraphanine est transformé par une enzyme à la suite d’un dommage subi par la plante, par exemple au moment de la mastication, permettant à l’enzyme et à son substrat de se combiner et de réagir. » A noter que l’équipe de recherche a tenu à préciser toutefois que cette famille de légumes contient également d’autres composés susceptibles d'avoir un impact bénéfique sur la pression artérielle. « Les légumes crucifères contiennent également de nombreux autres nutriments et autres composés bioactifs qui ont probablement un effet synergique sur la réduction de la tension artérielle et l'amélioration de la santé des vaisseaux sanguins, notamment le nitrate, les flavonoïdes, la vitamine K, la vitamine C, le potassium, le magnésium, l'acide folique et les fibres. », atteste Emma Connolly, qui conclut donc sur le fait qu’il n’est pas possible de clarifier complètement « quels composants spécifiques sont responsables des effets bénéfiques que nous avons observés ».

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