VIEILLISSEMENT : VOICI LES DEUX âGES Où NOTRE CORPS SUBIT DES CHANGEMENTS TRèS IMPORTANTS

Nous ne vieillissons peut-être pas de manière linéaire, mais plutôt par à-coups : une nouvelle étude suggère que le corps ne vieillit pas au même rythme au fil du temps, mais subit plutôt un …

Le vieillissement massif de la population dans les prochaines années constitue un enjeu majeur social et de santé publique pour de nombreux pays. En France par exemple, l’espérance de vie sans incapacité sévère est de 73,8 ans pour les hommes et de 77,9 ans pour les femmes selon les statistiques du ministère de la Santé. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime quant à elle qu’une personne sur six dans le monde aura 60 ans ou plus d’ici 2030 et que la population âgée de 60 ans et plus passera de 1 milliard de personnes en 2020 à 1,4 milliard dix ans plus tard. En 2050, la population de personnes âgées de 60 ans et plus dans le monde aura doublé pour atteindre 2,1 milliards de personnes tandis que le nombre des personnes âgées de 80 ans et plus devrait tripler entre 2020 et 2050 pour atteindre 426 millions. Du point de vue biologique, le vieillissement est le produit de l’accumulation d’un vaste éventail de dommages moléculaires et cellulaires au fil du temps qui entraîne une dégradation progressive des capacités physiques et mentales, une majoration du risque de maladie et, enfin, le décès.

Mais contrairement à une idée reçue, ces changements ne sont pas linéaires et ne sont pas étroitement associés au nombre des années. Autrement dit, la diversité observée à un âge avancé n’est pas le fruit du hasard. C’est en effet ce que révèle une étude menée par des chercheurs du Centre de génomique et de médecine personnalisée de l'Université de Stanford. Publiée dans Nature Aging, celle-ci révèle qu’en ce qui concerne les changements moléculaires associés au vieillissement, les humains connaissent deux « poussées » drastiques, l’une à l’âge moyen de 44 ans et l’autre à l’âge moyen de 60 ans. « Si vous avez déjà eu l'impression que tout dans votre corps s'effondre en même temps, ce n'est peut-être pas le fruit de votre imagination. Notre étude montre que le nombre de nombreuses molécules et micro-organismes augmente ou diminue considérablement entre 40 et 60 ans. », certifie ainsi l’équipe scientifique. Cette dernière a procédé en analysant pendant plusieurs années des milliers de molécules chez 108 adultes âgés de 25 à 75 ans, ainsi que leur microbiome (bactéries, virus et champignons qui vivent en nous et sur notre peau).

« Nous ne changeons pas simplement graduellement au fil du temps »

Les résultats obtenus ont permis de constater que l’abondance de la plupart des molécules et des microbes ne change pas de manière graduelle et chronologique. Au contraire, l’Homme traverse deux périodes de changement rapide au cours de sa vie, en moyenne autour de 44 et 60 ans. « Nous ne changeons pas simplement graduellement au fil du temps. Il s’avère que le milieu de la quarantaine est une période de changement spectaculaire, tout comme le début de la soixantaine. Et cela est vrai quelle que soit la classe de molécules que l’on étudie. », affirme Michael Snyder, auteur principal de l’étude. L’expert émet l’hypothèse que ces changements majeurs ont probablement un impact sur notre santé : le nombre de molécules liées aux maladies cardiovasculaires a montré des changements significatifs aux deux moments, et celles liées à la fonction immunitaire ont changé chez les personnes au début de la soixantaine. Il a été inspiré à étudier le rythme des changements moléculaires et microbiens par l'observation selon laquelle le risque de développer de nombreuses maladies liées à l'âge n'augmente pas de manière progressive avec les années.

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L’exemple le plus concret dans ce domaine concerne les risques de maladie d'Alzheimer et de maladies cardiovasculaires qui augmentent progressivement chez les personnes de moins de 60 ans mais fortement avec l'âge. À partir des échantillons de leur cohorte, les chercheurs ont suivi différents types de biomolécules. Les différentes molécules étudiées comprennent l'ARN ('acide ribonucléique), les protéines, les lipides et les micro-organismes du microbiote intestinal, cutané, nasal et oral, pour un total de 135 239 caractéristiques biologiques différentes. Chaque participant a soumis en moyenne 47 échantillons sur une période de 626 jours, le participant le plus ancien en ayant soumis pas moins de 367. Cette richesse de données a donné lieu à plus de 246 milliards de points de données, ayant permis de découvrir que des milliers de molécules et de microbes subissent des variations de leur abondance, soit à la hausse, soit à la baisse. Il s’avère ainsi qu’environ 81 % de toutes les molécules étudiées présentaient des fluctuations non linéaires en nombre, ce qui signifie qu’elles changeaient davantage à certains âges qu’à d’autres.

Vieillissement biologique : quels changements concret à la quarantaine et la soixantaine ?

C’est lorsque les chercheurs ont recherché les groupes de molécules présentant les plus grands changements de quantité qu’ils ont constaté que ces transformations se produisaient le plus souvent à deux périodes : lorsque les gens étaient au milieu de la quarantaine et au début de la soixantaine. « Bien que de nombreuses recherches se soient concentrées sur la façon dont les différentes molécules augmentent ou diminuent avec l’âge et sur la façon dont l’âge biologique peut différer de l’âge chronologique, très peu se sont penchées sur le rythme du vieillissement biologique. Il n’est peut-être pas surprenant que tant de changements spectaculaires se produisent au début de la soixantaine car on sait que de nombreux risques de maladies liées à l’âge augmentent à ce stade de la vie. », souligne l’équipe scientifique. Le premier pic, au milieu de la quarantaine, correspond généralement au moment où les femmes commencent à subir la ménopause ou la périménopause, mais les chercheurs ont exclu ce facteur comme mécanisme principal : les hommes ont eux aussi subi des changements moléculaires importants au même âge.

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Par ailleurs, il a été constaté que le pic du milieu de la quarantaine a montré des changements dans les molécules liées au métabolisme des lipides, de la caféine et de l'alcool, ainsi qu'aux maladies cardiovasculaires et aux dysfonctionnements de la peau et des muscles. Le pic du début de la soixantaine a quant à lui été associé au métabolisme des glucides et de la caféine, aux maladies cardiovasculaires, à la peau et aux muscles, à la régulation immunitaire et à la fonction rénale. Les chercheurs n’écartent pas l’idée qu’il soit possible que certains de ces changements soient liés à des facteurs de style de vie ou de comportement qui se concentrent dans ces groupes d'âge, plutôt qu'à des facteurs biologique. Par exemple, le vieillissement est aussi associé à d’autres transitions de vie comme le départ en retraite, la réinstallation dans un logement plus adapté et le décès des amis ou du partenaire. D’un point de vue physiologique, un dysfonctionnement du métabolisme de l'alcool pourrait résulter d'une augmentation de la consommation d'alcool au milieu de la quarantaine, une période de vie souvent très stressante.

La prochaine étape pour l’équipe consistera à approfondir cette découverte, en l’étudiant de manière plus détaillée, sur un éventail plus large de sujets, afin de mieux comprendre comment le corps humain évolue au fil du temps. Mais quelles qu’en soient les causes, ces résultats soulignent la nécessité pour de toujours prêter attention à sa santé, en particulier dans la quarantaine et la soixantaine, insistent les chercheurs. Il s’agit notamment d’augmenter sa pratique d’exercice physique pour protéger son cœur de même que veiller à maintenir sa masse musculaire pour lutter contre la sarcopénie (définie par une perte progressive et généralisée de la masse, de la force et de la qualité de l'ensemble de la musculature), phénomène qui conduit à une augmentation du risque de chutes et donc à une perte d'autonomie. Enfin, il est important de consommer de l’alcool de manière très modérée, car la capacité de notre organisme à le métaboliser via le foie ralentit en vieillissant. « Je crois fermement que nous devrions essayer d’adapter notre mode de vie pendant que nous sommes encore en bonne santé. », conclut ainsi Michael Snyder.

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